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une charmante tournure. Que ces étrangères sont gracieuses ! Pourquoi diable a-t-elle épousé ce Pelet ? Il n’y a pas trois mois qu’ils sont mariés… Il faut que ce soit un imbécile. »

Je ne voulus pas prolonger cette méprise qui commençait à me déplaire.

« Ah çà, lui dis-je, pourquoi avez-vous toujours en tête M. et Mme Pelet ? vous ne faites que parler d’eux à tout propos. Je regrette que vous n’ayez pas épousé votre demoiselle Zoraïde, vous y penseriez moins.

— Est-ce que ce n’était pas elle ?

— Pas du tout.

— Pourquoi avez-vous menti ?

— Je n’ai pas menti ; mais vous êtes si pressé qu’on ne peut pas vous répondre. Cette jeune fille est une de mes élèves, une Suissesse.

— Que vous allez épouser ? ne le niez pas.

— Je l’épouserai certainement avant trois mois, si Dieu nous prête vie. C’est là ma fraise sauvage, dont le parfum et la saveur, Hunsden, m’ont rendu indifférent à vos raisins de serre chaude.

— Halte-là ! pas de fanfaronnades ; je ne les supporte pas. Quelle est sa famille ? À quelle caste appartient-elle ? »

Je ne pus m’empêcher de sourire ; Hunsden avait, sans le vouloir, appuyé sur le mot caste, et l’avait prononcé avec une certaine emphase. En effet, tout républicain sincère et tout ennemi des nobles qu’il fût, Hunsden était aussi fier de son nom et de sa famille respectable et respectée de génération en génération, que pas un pair du royaume ne pouvait l’être de son origine normande et de son titre datant de la conquête ; bref, il aurait été aussi éloigné de prendre une femme dans une caste inférieure à la sienne, qu’un Stanley de s’allier à une Cobden. Je jouissais de la surprise que