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vous avez trouvé la contre-partie de vous-même ; celle qui vous complète, une femme de votre espèce. »

— Ses yeux n’ont pas pu dire tout cela en une seconde.

— Ils me l’ont dit pourtant. J’y ai lu en outre que j’aurai bientôt sa visite ; probablement ce soir. Je suis certain qu’il insistera pour vous être présenté. Dois-je le conduire chez vous ?

— Comme vous voudrez ; je n’y vois pas d’inconvénient ; j’aurai même du plaisir à l’examiner d’un peu plus près : il a l’air si original ! »

M. Hunsden vint chez moi dans la soirée, comme je l’avais prévu. La première chose qu’il me dit en entrant fut celle-ci :

« Il est inutile de vous vanter, monsieur le professeur, je sais votre nomination au collége, etc., etc. ; Brown m’a tout raconté. »

Il me dit ensuite qu’il était arrivé d’Allemagne depuis la veille, et me demanda aussitôt à brûle-pourpoint si c’était Mme Pelet-Reuter qu’il avait aperçue avec moi sur le boulevard. J’allais répondre par une dénégation énergique, lorsque, me ravisant tout à coup, je fis semblant de dire que oui, et je lui demandai comment il la trouvait.

« Je vous le dirai tout à l’heure. Un mot d’abord à votre sujet, répondit-il ; vous n’êtes qu’un vil coquin : ce n’est pas votre affaire de vous promener avec la femme d’un autre ; je vous croyais trop de bon sens pour vous mêler au salmigondis fangeux des mœurs étrangères.

— Mais cette femme, quelle impression vous a-t-elle faite ?

— Elle est trop bien pour vous, c’est évident ; elle vous ressemble, mais elle est mieux que vous. Ce n’est pas une raison pour qu’elle soit une beauté ; cependant je me suis retourné plusieurs fois pour la voir, au moment où elle vous donnait le bras. Elle a une jolie taille,