— Monsieur, vous me faites mal, lâchez ma main, je vous prie, » dit-elle d’une voix haletante.
Je m’aperçus effectivement que je serrais sa main droite un peu fort ; je fis ce qu’elle désirait, et je répétai pour la troisième fois :
« M’estimez-vous, Frances ?
— Beaucoup, répondit-elle enfin.
— Assez pour vous donner à moi, et pour m’accepter pour mari ? »
Je sentis battre son cœur plus vite ; la rougeur de l’amour colora vivement son cou et son visage depuis le menton jusqu’aux tempes ; j’aurais désiré lire dans ses yeux, mais ses paupières baissées ne me le permettaient pas.
« Si je consens à me marier avec vous ? demanda-t-elle.
— Vous voulez bien, n’est-ce pas ?
— Serez-vous aussi bon mari que vous avez été bon maître ?
— J’essayerai, Frances. »
Elle demeura quelques instants silencieuse ; puis, avec une inflexion de voix doucement provoquante et accompagnée d’un sourire à la fois timide et fin :
« C’est-à-dire, reprit-elle, que monsieur sera entêté, exigeant, volontaire.
— L’ai-je été pour vous, Frances ?
— Vous le savez bien.
— N’ai-je pas été autre chose à votre égard ?
— Oh ! si, vous avez été mon meilleur ami.
— Et vous, Frances, qu’êtes-vous pour moi ?
— Votre élève dévouée, qui vous aime de tout son cœur.
— Et mon élève consent-elle à passer toute sa vie avec moi ?
— Vous m’avez toujours rendue heureuse, dit-elle