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CHAPITRE III.


Je remplissais fidèlement tous les devoirs que m’imposait la place de second commis ; la besogne que j’avais à faire n’excédait pas mes facultés, et je m’en acquittais d’une manière satisfaisante. M. Crimsworth me guettait soigneusement afin de me prendre en faute, et n’en trouvait pas l’occasion ; il avait chargé Timothée Steighton de surveiller ma conduite, et le pauvre Tim ne fut pas plus heureux ; j’étais aussi exact, aussi laborieux qu’il pouvait l’être lui-même. « Comment vit-il ? demandait M. Crimsworth ; fait-il des dettes ? » Non. Mes comptes avec mon hôtellerie étaient parfaitement en règle ; j’avais loué une petite chambre et un cabinet fort modestes, que je payais avec le fruit accumulé de mes épargnes d’Eton. Ayant toujours eu en horreur de demander de l’argent à qui que ce fût, j’avais acquis dès mon enfance l’habitude de m’imposer une stricte économie, afin de n’avoir pas besoin, dans un moment pressé, de recourir à la bourse des autres. Je me rappelle qu’à cette époque je passais pour avare auprès de mes camarades, et que je me consolais par cette réflexion, qu’il valait mieux être incompris actuellement que repoussé un peu plus tard J’avais enfin ma récompense. Déjà, quand je m’étais séparé de mes oncles Tynedale et Seacombe, l’un d’eux m’avait jeté un billet de cinq livres, que j’avais pu refuser en disant qu’il m’était inutile. M. Crimsworth fit demander par Timothée à ma propriétaire si elle avait à se plaindre de