Page:Brontë - Le Professeur.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

mon protecteur le motif de ma visite, et je le fis avec cette franchise que la confiance peut seule vous inspirer. Ma demande lui était agréable ; il me remercia de lui fournir l’occasion de faire quelque chose pour moi, et me pria d’entrer dans quelques détails. Je lui dis que mon désir était moins d’être aidé que d’être mis à même de sortir d’embarras par mes propres efforts ; que je ne venais pas lui demander une démarche personnelle, mais quelques renseignements et sa recommandation. Je me levai bientôt pour partir ; il me tendit la main, geste beaucoup plus significatif de la part des étrangers que de celle des Anglais ; et, lorsqu’il vint à me sourire en se levant à son tour, je pensai que la bonté qui éclairait son visage valait mieux que l’intelligence qui brillait sur le mien. Les hommes de ma nature éprouvent un bien-être infini à se trouver en contact avec une âme bienveillante et loyale comme celle qui animait l’excellent Vandenhuten.

La quinzaine suivante fut remplie d’alternatives ; pendant toute cette période, mon existence ressembla au ciel de ces nuits d’automne sillonnées de météores et de nombreuses étoiles filantes ; l’espoir venait à chaque instant éclairer l’horizon, mais il s’évanouissait bientôt, laissant après lui les ténèbres plus épaisses. M. Vandenhuten me secondait sincèrement ; il me mit sur la piste de plusieurs places et fit lui-même tous ses efforts pour me les procurer ; mais pendant longtemps je vis toutes les portes se fermer devant moi, ou d’autres candidats obtenir la position que j’avais espérée.

Stimulé par les obstacles et sous l’empire d’une excitation fébrile, je ne me laissais arrêter par aucun désappointement ; les défaites successives doublaient mes forces, j’oubliais mes dégoûts, je surmontais ma réserve, je faisais taire mon orgueil ; je demandais, j’insistais, je m’efforçais de conquérir le terrain pied à pied : c’est