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soin d’une maîtresse pouvant enseigner le français, la géographie et l’histoire ; mistress Wharton me recommanda très-chaudement ; elle a deux filles dans la maison, et son influence me fit obtenir la place qu’elle demandait pour moi ; il fut décidé que je donnerais tous les jours six heures de mon temps aux élèves, ce qui me vaudrait la somme de douze cents francs par an : on n’exigea pas mon séjour dans la maison, ce qui me fit le plus grand plaisir ; j’aurais été désolée de quitter mon petit logement.

« Vous voyez, monsieur, qu’à présent je suis riche, plus riche que je n’osais l’espérer. J’en suis d’autant plus contente que de raccommoder sans cesse de la dentelle me fatiguait les yeux, que j’étais lasse de veiller tous les soirs, et de n’avoir pas malgré cela une minute pour étudier et pour lire ; j’avais peur de tomber malade et de ne pas pouvoir me suffire : toutes ces craintes ont disparu, et j’en remercie Dieu de toute mon âme. Je suis si reconnaissante, qu’il faut absolument que je parle de mon bonheur à quelqu’un d’assez bon pour être heureux de la joie des autres : voilà pour- quoi je n’ai pas pu résister à la tentation de vous écrire. C’est pour moi un grand plaisir, me suis-je dit, lorsque j’ai pesé la chose en moi-même ; et, bien que ce soit un peu ennuyeux, ce ne sera pas pour lui très-pénible de lire ma lettre. Ne me grondez pas de mes circonlocutions et de l’inélégance de mon style, et croyez-moi, monsieur,

« Votre élève affectionnée,
«F. E. HENRI. »

Cette lettre me fit rêver pendant quelques instants (je dirai plus tard quels furent les sentiments que m’inspira son contenu), et je pris celle qui arrivait d’An-