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prendre, monsieur, que chacun aime à payer ses dettes et qu’il est doux de ne rien devoir à personne ; il m’est d’autant plus facile de me procurer ce plaisir, que j’ai trouvé une position. À vrai dire, c’est pour vous en faire part que je vous écris ces lignes ; il est toujours agréable d’annoncer de bonnes nouvelles, et je n’ai plus que mon maître d’anglais à qui je puisse aujourd’hui parler de ce qui m’arrive.

« Il y a huit jours qu’une dame anglaise, mistress Warthon, me fit prier de passer chez elle ; une riche parente avait donné à sa fille, qui est sur le point de se marier, une toilette complète de dentelle, un véritable joyau, mais qui avait besoin de réparation. Je fus chargée de la remettre en bon état, ce que je fis dans la maison de mistress Warthon ; j’eus en outre quelques broderies à finir, et il s’écoula près d’une semaine avant que j’eusse terminé toute la besogne que j’avais entreprise. Ces dames vinrent plusieurs fois pendant ce temps-là s’asseoir à côté de moi ; elles me firent parler anglais, me demandèrent qui est-ce qui me l’avait si bien appris ; elles s’enquirent de l’instruction que je pouvais avoir d’autre part, des lectures que j’avais faites ; bref, elles me tinrent pour une espèce de merveille, croyant sans doute avoir affaire à une grisette savante. Un jour, mistress Wharton amena dans la chambre où je travaillais une Parisienne, afin de s’assurer que je parlais bien français ; le résultat de cette épreuve me fut très-favorable ; je le dus probablement à la bonne humeur que le prochain mariage de miss Wharton donnait à la mère et à la fille, qui d’ailleurs sont naturellement bienveillantes ; elles trouvèrent que j’avais raison de vouloir faire autre chose que de raccommoder la dentelle, et me conduisirent le soir même chez mistress D…, qui dirige la meilleure pension anglaise de cette ville, et qui avait be-