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pièce un ordre que mes yeux, difficiles à cet égard, contemplaient avec délices. Et, craignant que les insinuations de Mlle Reuter ne fussent trop bien fondées, j’avais hésité à suivre la pauvre maîtresse d’ouvrage à l’aiguille, de peur de l’embarrasser en entrant chez elle sans y être attendu ! Cette chambre assurément n’était pas riche ; mais son extrême propreté valait mieux que l’élégance, et je l’aurais trouvée plus attrayante qu’un palais, si un peu de feu avait pétillé dans l’âtre. Il n’y avait pas même de bois dans la cheminée ; la raccommodeuse de dentelles ne pouvait pas se donner un pareil luxe, à présent surtout qu’elle était seule pour subvenir à ses besoins. Frances alla ôter son chapeau dans une chambre voisine ; elle revint l’instant d’après, véritable modèle de simplicité gracieuse, avec sa robe noire dessinant à ravir les lignes de sa taille élégante, avec ses cheveux bruns formant d’épais bandeaux sur ses tempes, et venant se rattacher derrière la tête en un large nœud grec ; pas une broche, pas une bague, ni un ruban : l’harmonie de ses formes, la grâce de son maintien, suppléaient avec avantage aux ornements dont elle était privée.

Lorsqu’elle rentra dans la chambre, ses yeux cherchèrent les miens ; je regardais le foyer vide, elle devina la pitié douloureuse que l’absence de feu me causait intérieurement ; aussi prompte à exécuter qu’à comprendre, elle se noua autour de la taille un tablier de toile blanche, disparut un moment, et rapporta un panier rempli de bois et de charbon qu’elle entassa dans la grille.

« C’est toute sa provision, pensai-je, elle va l’épuiser par hospitalité. Que faites-vous ? lui dis-je ; nous n’avons pas besoin de feu, il fait une chaleur étouffante.

— Je trouvais au contraire que la pluie avait refroidi le temps, répondit-elle ; d’ailleurs, il faut que je fasse