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d’accomplir son dernier vœu et de faire transporter ses restes dans notre pays ; mais c’était impossible.

— A-t-elle été malade pendant longtemps ?

— Environ trois semaines ; quand elle fut obligée de garder le lit, j’obtins de Mlle Reuter la permission de rester chez moi pendant quelque temps afin de pouvoir la soigner.

— Êtes-vous retournée au pensionnat ? lui demandai-je avec vivacité.

— J’étais à la maison depuis huit jours lorsque Mlle Reuter vint un soir faire une visite à ma tante ; elle fut très-polie, très-aimable, suivant son habitude ; elle causa longtemps de choses et d’autres, me témoigna beaucoup d’amitié, et me dit en se levant pour partir : « Je regrette vivement que vous ayez quitté mon pensionnat ; il est vrai cependant que vous avez donné de si bonnes leçons à vos élèves, qu’elles font à merveille tous ces petits ouvrages où vous êtes si adroite ; à l’avenir, puisque vous m’avez abandonnée, l’une de mes sous-maîtresses vous remplacera auprès des enfants ; elle est certainement bien loin d’être une artiste comme vous, mais elle fera ce qu’elle pourra. Vous êtes maintenant d’ailleurs en position d’enseigner autre chose d’un ordre plus élevé ; je suis persuadée que vous trouverez maintes familles où l’on sera trop heureux de profiter de vos talents. » Elle me donna l’argent qui m’était dû pour le trimestre ; je lui demandai très-sèchement si elle me congédiait ; elle sourit de l’inélégance de mon langage, et me répondit que nous n’aurions plus ensemble de relations d’affaires, mais qu’elle espérait bien conserver de bons rapports avec moi, et qu’elle serait toujours heureuse de me recevoir. Elle ajouta quelques mots sur le bon état des rues, sur la continuité du beau temps, et s’éloigna d’un air complètement satisfait. »

Je ne pus m’empêcher de rire intérieurement. Comme