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lets sur leurs épaules tombantes, mais ce n’était pas la tournure de Frances. Je rencontrais de pâles visages encadrés de bandeaux bruns : tous ces visages me semblaient effacés, car je n’y retrouvais pas ce front large et pensif, ces sourcils bien marqués surmontant de grands yeux sombres à la fois graves et doux, que je cherchais avec tant d’impatience.

« Elle a quitté Bruxelles, murmurai-je en m’éloignant de la Chapelle royale, dont on venait de fermer la porte ; elle sera partie pour l’Angleterre, comme elle en avait l’intention ! »

Et je suivais tristement l’assemblée, qui se dispersa sur la place. J’eus bientôt dépassé les couples britanniques de gentlemen et de ladies ; bonté divine ! pourquoi donc s’habillent-ils aussi mal ? Je vois encore ces robes de riches étoffes à volants salis et chiffonnés, ces falbalas d’une hauteur énorme horriblement fripés, ces grands cols de dentelle aussi chers que disgracieux ; ces pantalons d’une forme étrange, ces gilets mal taillés qui tous les dimanches emplissent le chœur de la Chapelle royale, et qui, après le service anglais, se répandent sur la place, où ils contrastent si désavantageusement avec les toilettes élégantes qui vont à l’église de Cobourg. Je laissai derrière moi ces couples de Bretons suivis de leurs charmants enfants, de leurs femmes de chambre, de leurs grooms et de leurs valets ; je traversai la rue Royale et je pris celle de Louvain, une vieille rue tranquille et détournée. Je me rappelle qu’éprouvant alors une velléité d’appétit et ne me souciant pas de revenir prendre ma part du goûter qui devait être à ce moment-là sur la table du réfectoire, lequel se composait tout bonnement d’une flûte et d’un verre d’eau, j’entrai chez un boulanger afin de me restaurer d’un couc (mot flamand dont j’ignore l’orthographe ; à Corinthe, anglice), d’une tarte aux groseilles et d’une tasse de café ; de là