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rais appris où elle demeure ! Pas d’adresse sur ce billet, continuai-je en tirant sa lettre du portefeuille où je l’avais enfermée ; les femmes se ressemblent toutes : elles ne pensent à rien, et traitent les affaires avec une légèreté incroyable ; un homme aurait machinalement daté sa lettre et mis son adresse au billet le plus insignifiant. Et ces vingt francs ! (Je tirai les quatre pièces de ma bourse.) Si elle me les avait apportés, au lieu d’en faire un paquet lilliputien noué avec un brin de soie verte, j’aurais pu les replacer dans sa petite main et fermer sur eux ses doigts effilés et délicats ; j’aurais bien su la déterminer à les reprendre. Où la retrouver maintenant ? comment savoir où elle demeure ? »

J’ouvris la porte de ma chambre et je descendis à la cuisine.

« Qui vous a remis ce petit paquet ? demandai-je au domestique qui me l’avait apporté.

— Un commissionnaire, monsieur.

— A-t -il dit quelque chose ?

— Non, monsieur. »

Je remontai l’escalier sans en savoir davantage.

« C’est égal, me dis-je en fermant ma porte, c’est égal, je fouillerai toute la ville de Bruxelles. »

Pendant un mois j’employai tous mes instants de loisir à la chercher avec ardeur ; j’y consacrai tous les dimanches ; je la cherchai sur les boulevards, au Parc, dans l’Allée verte, à Sainte-Gudule, à Saint-Jacques, dans les deux chapelles protestantes ; j’assistai au service allemand, français et anglais : toutes mes recherches furent vaines. Je restais à la porte du Temple, persuadé qu’elle avait dû venir à l’office, j’attendais la sortie du dernier fidèle ; j’observais chaque robe drapant de ses plis une taille élancée ; je plongeais mon regard sous tous les chapeaux couvrant une jeune tête ; je voyais passer de jeunes filles serrant leurs mante-