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Une semaine s’était écoulée ; je n’avais pas adressé la parole à Mlle Reuter ; j’étais resté calme en face d’elle, bien que mon regard témoignât du mépris qu’elle m’inspirait et lui exprimât l’opinion que j’avais d’une personne qui écoutait les conseils de la jalousie et se faisait un instrument de la trahison. Le-samedi soir, après avoir fini de donner ma leçon, j’entrai dans la salle à manger où elle se trouvait seule ; et, me plaçant devant elle : « Auriez-vous la bonté, lui dis-je aussi tranquillement que si c’eût été la première fois que je lui faisais cette question, auriez-vous la bonté de me dire l’adresse de Mlle Henri ? »

Elle fut surprise, mais non déconcertée : « Monsieur a probablement oublié, répondit-elle en souriant, que je lui ai dit, il y a huit jours, tout ce que je savais à cet égard, c’est-à -dire que j’ignorais complètement ce qu’il désirait savoir.

— Mademoiselle, continuai-je, vous m’obligerez beaucoup en me donnant cette adresse. »

Elle parut un peu embarrassée, puis me regardant avec un air de naïveté admirablement jouée : « Pensez-vous, dit-elle, que je vous fais un mensonge ?

— Ainsi mademoiselle, continuai-je, en évitant de lui répondre directement, vous ne voulez pas m’obliger en me donnant cette adresse ?

— Mais, monsieur, il m’est impossible de vous dire une chose que j’ignore.

— Fort bien, mademoiselle, je vous comprends parfaitement, et je n’ai plus qu’un mot à vous dire : Nous sommes à la fin de juillet ; dans un mois commenceront les vacances ; profitez, je vous prie, des loisirs qu’elles vous laisseront pour chercher un professeur d’anglais ; je serai dans la nécessité de vous quitter à la fin du mois d’août. »