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— Assurément, mademoiselle ; votre opinion n’admet pas le moindre doute. » Et, craignant qu’elle ne continuât sa harangue, j’opérai ma retraite sous le couvert de cette phrase approbative.

Quinze jours après cet incident, Mlle Henri manqua plusieurs leçons d’anglais ; je remarquai son absence, je l’écrivis même sur mon agenda ; mais je n’osais pas demander quelle en était la cause : j’espérais qu’un mot dit au hasard me l’apprendrait, sans que j’eusse à courir le risque de faire naître, par mes questions, d’impertinents sourires ou de stupides commérages. Néanmoins, lorsque le siège que Frances occupait auprès de la porte fut resté vacant pendant une semaine sans que la moindre allusion eût été faite à cet égard, lorsque je m’aperçus qu’on affectait de garder un silence complet sur cet événement, je me décidai à rompre la glace, et à m’adresser à Sylvie, dont je savais obtenir une réponse sensée que n’accompagnerait ni insinuation perfide ni ricanement désagréable.

« Où est donc Mlle Henri ? lui demandai-je en lui rendant son cahier que je venais d’examiner.

— Elle est partie, monsieur.

— Partie ! et pour combien de temps ? quand reviendra-t-elle ?

— Pour toujours, monsieur, elle ne doit plus revenir. »

Je laissai échapper une exclamation involontaire.

« En êtes-vous bien sûre ? repris-je après un instant de silence.

— Oui, monsieur ; mademoiselle nous l’a dit elle-même, il y a deux ou trois jours. »

Il m’était impossible de pousser plus loin mon enquête ; l’endroit où nous nous trouvions me défendait d’ajouter un seul mot. Toutefois les questions se pressaient sur mes lèvres ; qu’est-ce qui avait pu motiver