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cabas, elle releva la tête, et, rencontrant mon regard, elle me fit un salut respectueux et se dirigea vers la porte.

« Voulez-vous venir, mademoiselle ? » lui demandai-je en lui faisant signe d’approcher.

Elle hésita ; le bruit qu’on faisait dans les deux classes m’empêcha d’entendre sa réponse ; je répétai mon signe ; elle avança vers moi et s’arrêta de nouveau à quelques pas de l’estrade : elle avait l’air embarrassé, et ne paraissait pas bien sûre que je l’eusse vraiment appelée.

« Montez, » lui dis-je d’un ton ferme, ce qui est la seule manière d’en finir avec l’indécision ; et, lui offrant la main, je la plaçai à l’endroit où je désirais qu’elle fût, c’est-à-dire entre mon pupitre et la fenêtre, de manière qu’elle se trouvât en dehors du passage de la seconde division, et que personne ne pût se glisser derrière elle pour écouter ce que j’avais à lui dire. On n’aurait pas manqué de donner à mes paroles une signification qu’elles étaient loin d’avoir ; et je m’en souciais fort peu ; mais je suppose que Mlle Henri s’en inquiétait davantage : car, malgré tous ses efforts, elle paraissait trembler. Je tirai sa narration de ma poche.

« C’est vous qui avez fait ce devoir ? lui dis-je en anglais, certain maintenant qu’elle comprenait cette langue.

— Oui, monsieur, » répondit-elle d’une voix grave.

Mais lorsqu’elle me vit dérouler son cahier, le placer sur mon pupitre et prendre ma plume, sans doute pour y noter les corrections que je trouverais à y faire, son front, toujours assombri, s’éclaira comme un nuage derrière lequel un rayon de soleil vient briller tout à coup.

« Ce devoir, lui dis-je, renferme beaucoup de fautes ; vous avez besoin de plusieurs années d’étude avant d’écrire l’anglais d’une façon irréprochable. Écoutez bien ; je vais vous expliquer les principales erreurs que