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son antipathie, l’égoïsme et la dissimulation qu’elle appelait esprit de conduite et sagesse ; elle ne comprenait pas la bonté ; et, si la dégradation physique et morale, l’infériorité de l’esprit et du corps, lui inspiraient de l’indulgence, c’est parce que ces défauts pouvaient faire ressortir les dons heureux qu’elle avait reçus du Créateur : mais elle se courbait devant la violence et la tyrannie, ses véritables maîtres ; rien ne la poussait à les haïr, encore moins à leur résister, et l’indignation qu’ils éveillent dans certains cœurs lui était inconnue.

Il en résultait qu’elle se disait prudente et sage ; que le vulgaire proclamait sa douceur et sa générosité ; que l’insolent et le despote la qualifiaient d’aimable ; que les gens de cœur acceptaient d’abord comme fondée la prétention qu’elle avait d’être classée parmi eux, mais que bientôt le placage de sa vertu laissait à découvert le métal vénéneux, et qu’elle était repoussée comme une déception par les natures honnêtes et bienveillantes qui s’y étaient laissé tromper.