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Je jetai de nouveau les yeux sur elle ; sa figure exprimait toujours le même embarras, et sa plume continuait à glisser sur le papier. Je m’arrêtai quelques secondes ; elle employa cet intervalle à parcourir ce qu’elle avait écrit, et la confusion se peignit sur son visage ; il était évident qu’elle n’était pas contente d’elle. Dix minutes après, j’avais terminé la dictée et je rassemblais les cahiers des élèves ; c’est d’une main tremblante que Mlle Henri me donna le sien ; mais, une fois qu’elle me l’eut abandonné, elle parut en avoir pris son parti et ne pas s’inquiéter de l’impression que pourrait me causer son ignorance. D’un coup d’œil jeté rapidement sur son devoir, je m’aperçus qu’elle avait passé plusieurs lignes ; mais il y avait peu de fautes dans ce qu’elle avait écrit ; je traçai immédiatement au bas de la page le mot bon et je lui rendis son cahier ; elle sourit d’abord d’un air incrédule, puis elle sembla se rassurer ; mais elle ne leva point les yeux : elle savait, à ce qu’il paraît, me regarder quand elle était embarrassée, mais non quand elle était contente ; et je ne trouvai pas que cette conduite fût équitable.