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— Éperdument, Zoraïde.

— Est-ce lui qui vous l’a dit ?

— Non ; mais il rougit toutes les fois que votre nom est prononcé. »

Un rire de triomphe annonça la joie que cette nouvelle causait à Mlle Reuter (c’était du reste un mensonge que cette assertion de M. Pelet ; je n’allais pas encore tout à fait jusque-là). Mon principal continua l’entretien, affirmant, sans ambage et d’une façon peu galante, que ce serait une folie, une sottise que de songer à prendre pour mari un blanc-bec ayant dix ans de moins qu’elle. (Avait-elle donc trente-deux ans ? Je ne l’aurais jamais cru.) Elle nia formellement qu’elle eût à mon égard des intentions matrimoniales ; et, persuadé ou non de la vérité de ces paroles, le chef d’institution ne l’en pressa pas moins de lui donner une réponse définitive.

« Vous êtes jaloux, François, » répliqua-t-elle en riant toujours ; puis, se rappelant soudain que cette coquetterie n’était pas conséquente avec la réputation de modestie et de gravité qu’elle désirait garder, elle ajouta d’une voix posée : « Je ne nierai pas, mon cher François, que ce jeune Anglais n’ait fait quelques efforts pour se concilier mon affection ; mais, bien loin d’avoir encouragé ses désirs, je l’ai toujours traité, au contraire, avec autant de froideur que le permettait la plus stricte politesse. Croyez bien, mon cher ami, qu’étant votre fiancée, je ne voudrais pour rien au monde donner de l’espoir à aucun autre. »

M Pelet continua sans doute à exprimer de la défiance, du moins à en juger par la réponse suivante :

« Quelle folie ! Comment pourrais-je vous préférer un étranger, un inconnu ? et d’ailleurs, sans vouloir vous flatter, M. Crimsworth ne saurait vous être comparé ni au moral ni au physique : il n’est certainement