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qu’il en est d’autres assez fous pour admirer le jugement d’une femme, elle causait avec un sens parfait. Il m’était à la fois agréable et facile de déjouer ses efforts ; de sourire tout à coup en lui montrant que je voyais dans son jeu, au moment où elle croyait m’avoir gagné. Rien ne la décourageait ; mais il faut bien l’avouer, à force de tâter du doigt tous les points de la cassette, elle finit par faire jouer le ressort caché qui en retenait le couvercle, et par poser la main sur le joyau qui s’y trouvait contenu ; l’a-t-elle pris, l’a-t-elle brisé ou, le coffret en se refermant lui blessa-t-il la main ?… Continuez votre lecture, et vous le saurez bientôt.

J’étais venu donner ma leçon, bien que je fusse très-souffrant ; j’avais un mauvais rhume, une toux violente, et, après avoir parlé pendant deux heures sans un instant de repos, je sortais de la classe littéralement épuisé. Je rencontrai Mlle Reuter dans le corridor ; elle remarqua ma pâleur et me le dit avec une certaine sollicitude.

« Je suis fatigué, répondis-je.

— Vous ne partirez pas sans avoir pris quelque chose, » reprit-elle avec un intérêt croissant.

Elle me fit entrer dans le parloir et me témoigna la plus grande bienveillance. Le lendemain elle entra dans la classe en même temps que moi pour voir si les fenêtres étaient fermées, s’il n’y avait pas de courant d’air, et me pria d’un ton affectueux de ne pas me donner trop de peine et de ne pas me fatiguer. Lorsque je partis, elle me présenta la main sans que je la lui eusse demandée ; pouvais-je faire autrement que de lui exprimer par une légère pression combien j’étais sensible à cette faveur et combien j’en étais reconnaissant ? Ce témoignage de ma gratitude fit naître un sourire joyeux sur ses lèvres ; elle me parut charmante ; et pendant toute la soirée je ne pensai qu’au lendemain