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vaient retiré l’appétit. Lorsque le plateau passa devant moi, je pus voir que le souper se composait d’un gâteau d’avoine coupé en tranches.

Le repas achevé, Mlle Miller lut la prière, et les jeunes filles montèrent l’escalier deux par deux. Épuisée par la fatigue, je fis peu d’attention au dortoir ; cependant il me parut très long, comme la salle d’étude.

Cette nuit-là, je devais coucher avec Mlle Miller ; elle m’aida à me déshabiller. Une fois étendue, je jetai un regard sur ces interminables rangées de lits, dont chacun fut bientôt occupé par deux élèves. Au bout de dix minutes, l’unique lumière qui nous éclairait fut éteinte, et je m’endormis au milieu d’une obscurité et d’un silence complets.

La nuit se passa rapidement ; j’étais trop fatiguée même pour rêver ; je ne m’éveillai qu’une fois, et j’entendis le vent mugir en tourbillons furieux et la pluie tomber par torrents. Alors seulement je m’aperçus que Mlle Miller avait pris place à mes côtés. Quand mes yeux se rouvrirent, on sonnait une cloche ; toutes les jeunes filles étaient debout et s’habillaient. Le jour n’avait pas encore commencé à poindre, et une ou deux lumières brillaient dans la chambre. Je me levai à contre-cœur, car le froid était vif, et tout en grelottant je m’habillai de mon mieux. Aussitôt qu’un des bassins fut libre, je me lavai ; mais il fallut attendre longtemps, car chacun d’eux servait à six élèves. Une fois la toilette finie, la cloche retentit de nouveau. Toutes les élèves se placèrent en rang, deux par deux, descendirent l’escalier et entrèrent dans une salle d’étude à peine éclairée.

Les prières furent lues par Mlle Miller, qui, après les avoir achevées, s’écria :

« Formez les classes ! »

Il en résulta quelques minutes de bruit. Mlle Miller ne cessait de répéter : « Ordre et silence. » Quand tout fut redevenu calme, je m’aperçus que les élèves s’étaient séparées en quatre groupes. Chacun de ces groupes se tenait debout devant une chaise placée près d’une table. Toutes les élèves avaient un volume à la main, et un grand livre, que je pris pour une Bible, était placé devant le siège vacant. Il y eut une pause de quelques secondes, pendant lesquelles j’entendis le vague murmure qu’occasionne toujours la réunion d’un grand nombre de personnes. Mlle Miller alla de classe en classe pour étouffer ce bruit sourd, qui se prolongeait indéfiniment.

Le son d’une cloche lointaine venait de frapper nos oreilles,