gardai et j’écoutai attentivement. L’aurore répandait son calme partout ; les rideaux des fenêtres étaient encore fermés dans les chambres des domestiques ; les petits oiseaux commençaient à sautiller sur les arbres du verger tout couverts de fleurs, et dont les branches retombaient en blanches guirlandes sur les murs de la cour ; de temps en temps, les chevaux frappaient du pied dans les écuries ; tout le reste était tranquille. Je vis alors apparaître les trois messieurs. Mason, soutenu par M. Rochester et le médecin, semblait marcher assez facilement ; ils l’aidèrent à monter dans la voiture, et Carter y entra également.
« Prenez soin de lui, dit M. Rochester au chirurgien ; gardez-le chez vous jusqu’à ce qu’il soit tout à fait bien ; j’irai dans un ou deux jours savoir de ses nouvelles. Comment vous trouvez-vous maintenant, Richard ?
— L’air frais me ranime, Fairfax.
— Laissez la fenêtre ouverte de son côté, Carter ; il n’y a pas de vent. Adieu, Dick.
— Fairfax !
— Que voulez-vous ?
— Prenez bien soin d’elle ; traitez-la aussi tendrement que possible ; faites… »
Il s’arrêta et fondit en larmes.
« Jusqu’ici j’ai fait tout ce que j’ai pu et je continuerai, répondit-il ; puis il ferma la portière et la voiture partit. Et pourtant, plût à Dieu que tout ceci fût fini ! » ajouta M. Rochester, en fermant les portes de la cour.
Puis il se dirigea lentement et d’un air distrait vers une porte donnant dans le verger ; supposant qu’il n’avait plus besoin de moi, j’allais rentrer, lorsque je l’entendis m’appeler : il avait ouvert la porte et m’attendait.
« Venez respirer l’air frais pendant quelques instants, dit-il. Ce château est une vraie prison ; ne le trouvez-vous pas ?
— Il me semble très beau, monsieur.
— Le voile de l’inexpérience recouvre vos yeux, répondit-il, vous voyez tout à travers un miroir enchanté ; vous ne remarquez pas que les dorures sont misérables, les draperies de soie semblables à des toiles d’araignée, les marbres mesquins, les boiseries faites avec des copeaux de rebut et de grossières écorces d’arbres. Ici, dit-il en montrant l’enclos où nous venions d’entrer, ici, tout est frais, doux et pur.
Il marchait dans une avenue bordée de buis ; d’un côté, se voyaient des poiriers, des pommiers et des cerisiers ; de l’autre,