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il employait autrement son loisir. Un matin, deux ou trois jours avant l’ajournement de la session, le roi me remit deux papiers qu’il venait de recevoir ; l’un était un plan de réforme du conseil d’État, qui l’érigeait en tribunal inamovible avec publicité de ses séances ; l’autre une lettre particulière, par laquelle l’auteur de ce plan informait le roi de la résolution où il était de transformer ce projet en proposition à la Chambre des députés, en lui faisant savoir que lui, Benjamin Constant, tiendrait pour autorisation l’absence de réponse.

Le roi en était, non sans raison, fort blessé.

Je pris les deux papiers que j’ai conservés.

En arrivant à la Chambre des députés, je me bornai froidement à les placer sous les yeux de leur auteur, sans lui demander d’explication, et le laissant juge du procédé ; puis, sans écouter les excuses qu’il essayait de balbutier, je lui tournai le dos et je m’éloignai.

Je m’attendais à recevoir dans la matinée sa démission. Il n’en fut rien mais mon parti était pris. Je n’eus pas le temps de pourvoir à son remplacement ; on le comprendra en lisant ce qui suit. J’emprunte le récit de l’Annuaire historique ; il est exact de point en point.