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d’avoir préparé la guerre civile entre les nouveaux parquets et la magistrature assise composée des juges de Charles X ; ce dont les autres ministres et surtout le ministre des finances étaient coupables, c’était de n’avoir pas fait maison nette de tous les commis, de tous les comptables en état de dresser un procès-verbal et de tenir des écritures en partie double, et en outre de n’avoir pas changé d’un trait de plume et d’un coup de baguette toute la face du pays.

Ainsi présenté, l’acte d’accusation ne fit pas fortune. Il fut souvent interrompu par des éclats de rire. À peine soutenu par M. de Salverte et par Benjamin Constant, qui n’y vit qu’une occasion de ferrailler contre le gouvernement dont il faisait partie, livré aux sarcasmes et aux boutades de maître Dupin, il fut en définitive assez gauchement retiré par son auteur. Mais l’événement de la séance, ce fut le discours de M. Casimir Perier qui la termina.

Prenant, à son tour, occasion du plan de conduite mi-partie utopique et révolutionnaire qu’avait tracé M. Mauguin, M. Perier, après l’avoir flagellé de très haut et traité avec un juste mépris, traça lui-même, également de très haut, le plan qu’il convenait de suivre. Il le fit à grands traits, avec