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l’universelle postulation des emplois, aux dénonciations incessantes et réitérées contre les fonctionnaires prétendus carlistes. C’était le crime du moment ; chacun de nous ayant vidé son sac dans ce commun compte rendu, et prouvé que, dans son propre département, il avait frappé assez dru et n’avait pas eu la main trop légère, nous espérions en être quittes. Vain espoir : la communication fut très mal reçue, précisément parce qu’elle avait pour but de fermer la porte aux prétentions ; la chasse au carlisme, c’est-à-dire, en bon français, la curée des places n’en continua que de plus belle, jusqu’au jour où l’un des limiers de cette meute affamée s’étant écrié d’une voix vibrante : « Savez-vous bien, messieurs les ministres, ce que c’est qu’un carliste ? » nous lui répondîmes d’un commun accord : - Un carliste, c’est un homme qui occupe un poste dont un autre homme a envie.

L’éclat de rire fut universel, et nous valut quelques jours de répit.

Je note en passant, à titre de progrès, — de progrès latent dans l’ordre des institutions constitutionnelles, le parti que nous prîmes — que nous prîmes de nous-mêmes et sans provocation quel-