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gries par l’âge et le travail ; mes propres yeux n’étaient pas bien secs, et, pour peu de chose, j’aurais jeté là le fardeau dont je m’étais laissé embâter.

Je pris ma revanche à la formation du nouveau conseil ; il s’entend, à la nouvelle répartition des titulaires maintenus et au choix des nouveaux appelés, et je déclarai formellement à mes collègues, en présence du roi, que, s’ils entendaient m’imposer leurs créatures, et peupler l’administration, au premier chef, de novices ou de braillards, ils n’avaient qu’à chercher un autre que moi pour faire ce métier. Je tins bon quoi qu’il en pût advenir, et le conseil qui sortit, en définitive, de nos délibérations fut à peu près tel que je le proposai.

Je donnai le bon exemple, en n’admettant qu’un seul de mes amis personnels, M. Renouard, avocat estimé et devenu depuis l’un des membres les plus honorés de la cour de cassation. J’entends ici par ami personnel un homme qui n’avait, à cette époque, d’autre titre pour monter au premier rang que les rares qualités dont il a depuis fait preuve. Plusieurs autres de mes amis politiques s’y trouvèrent naturellement portés par leur position et