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cabinet, et qui prendra la peine de jeter les yeux sur la liste des conseillers et des maîtres des requêtes évincés, c’est-à-dire, selon la formule d’usage, admis à faire valoir leurs droits à la retraite, ne s’étonnera guère du peu de succès de ma résistance.

J’y perdis plusieurs auxiliaires dont le savoir, le bon sens et l’expérience m’auraient été très précieux. J’y perdis surtout un ami qui m’était très cher, et pour lequel je rendis un combat désespéré, M. Victor Masson, l’un des auteurs et le principal de cette excellente comptabilité française dont M. Mollien avait, en son temps, posé les premiers fondements. J’y avais travaillé avec M. Masson en simple amateur. C’était en administration, en finance, en économie publique, un esprit supérieur. Il avait été sous M. de Villèle le rapporteur de la loi sur la conversion des rentes ; c’était là ce dont on lui faisait crime. J’avais espéré que M. Laffitte, l’un des inspirateurs, comme on sait, de cette malencontreuse mesure, me soutiendrait dans la défense de son défenseur ; mais il lâcha pied des premiers : quand il me fallut instruire mon pauvre ami de notre commune déconvenue, je vis couler de grosses larmes sur ses joues amai-