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Tout conseil d’État étant, au vrai, le quartier général du gouvernement dont il fait partie, l’élite de sa milice, le dépositaire de ses traditions, le confident de ses secrets, en un mot l’âme de sa politique, quand ce gouvernement vient à tomber, naturellement son conseil d’État devrait s’empresser de faire maison nette ; ce devrait être affaire de principe et de point d’honneur.

Mais il n’en va pas toujours ainsi et les exemples ne sont pas rares de ces serviteurs zélés qui ne répugnent pas trop à faire, tout en grommelant, un nouveau bail avec le nouvel occupant.

Ce fut le cas cette fois.

Sur quarante-cinq conseillers en titre d’office, deux seulement, M. de Tournon et M. Delamalle, donnèrent leur démission. Sur trente-deux maîtres des requêtes, trois seulement, MM. de Nugent, Cormenin et Prévost en firent autant.

Je ne parle point de ceux qui, n’étant pas titulaires, n’avaient entrée au conseil qu’en raison des fonctions dont ils étaient pourvus.

Or, comme un certain nombre de ces personnages de bonne volonté, sans être pour cela bénévoles, s’étaient trouvés engagés jusqu’à la garde dans la politique active, plusieurs même com-