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une main que le vainqueur d’Arcole s’empressait de saisir, en le chargeant, sur-le-champ, d’établir quelques bons rapports entre le nouveau gouvernement et quelques-unes des puissances étrangères, et, plus tard, hélas ! de justifier, par une circulaire à jamais célèbre, l’enlèvement et le meurtre du duc d’Enghien.

On l’avait vu, dès lors, marcher de traités en traités, comme son maître de victoires en victoires, imposer au vaincu la loi du vainqueur, jusqu’au jour où, tombé lui-même en disgrâce, pour avoir conseillé de s’arrêter à mi-route dans les folies d’Espagne, on l’avait vu rester dignitaire de l’Empire en déclin, comme vingt ans plus tôt, dignitaire de l’Église en ruine, gardant, alors comme alors, une position, une attitude, une autorité que les personnages les plus haut placés continuaient d’envier.

J’ai vu moi-même, en 1812, au congrès de Prague, M. de Metternich, au faîte de sa puissance, imiter M. de Talleyrand à ce degré qu’on pouvait presque s’y méprendre.

Mais c’était peu.

Quand enfin était venu, pour nous, le jour des défaites et de l’invasion, on l’avait vu, ce prince de