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ce poste important à M. de Talleyrand, ou, si l’on veut et pour mieux dire, destinait M. de Talleyrand à ce poste. Je le savais sans qu’il me l’eût dit, et, selon toute apparence, l’objet de ce choix le savait, sans avoir eu, comme moi, besoin de deviner.

Au fond, le roi avait raison,

L’Angleterre était la puissance qui nous voulait du bien pour tout de bon ; la seule sur laquelle nous eussions, à certain degré, raison de compter. Le mouvement libéral imprimé en 1827 à la politique britannique par M. Canning ne s’était pas éteint avec cet homme d’État enlevé trop tôt la bonne cause ; ce mouvement traversait depuis trois ans la réaction tory (la réaction Wellington-Peel) entravée, ou si l’on veut, enrayée plutôt que suspendue. La réforme continuait à gagner du terrain dans l’opposition, et les réformes dans le ministère lui-même. Nous avions auprès de l’un et de l’autre le double mérite de la justice et du succès. C’était par conséquent à Londres que nous devions chercher et que nous pouvions trouver un point d’appui contre le mauvais vouloir ostensible ou la bienveillance suspecte des autres gouvernements, d’autant que Londres était, pour le moment, grâce à l’intervention