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Nous fîmes savoir au gouvernement anglais, qu’au cas où l’incorporation de la Belgique à la France nous serait offerte par nos anciens compatriotes, l’offre ne serait point acceptée ; que le tracé de nos frontières ne serait point dépassé, et que l’établissement d’un nouveau royaume de Belgique resterait, de notre aveu et plein consentement, une question tout européenne.

De ce côté, cela suffit.

À Vienne, M. de Metternich, qui, d’ailleurs, n’entendait pas raillerie sur le principe de non-intervention, comprit avec son bon sens expérimental qu’il ne fallait rien pousser à l’extrême, et que c’était ici le cas du summum jus, summa injuria.

Restait la Prusse.

Restait l’héritier, l’héritier tel quel du grand Frédéric ; il était beau-frère du roi des Pays-Bas, son allié à ce double titre, et d’ailleurs géographiquement à portée du champ de bataille ; il répondit à l’appel, prit en main la cause commune et se hâta de rassembler une armée pour lui prêter main forte.

À cette nouvelle, notre conseil, à l’unanimité, décida qu’il en fallait avoir le cœur net. Au nom du