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tout événement, ses garants en demeure ; la position allait devenir intenable. Que faire, encore un coup ? C’était le cas de tout risquer, tout, dis-je, sauf l’honneur et le bon sens.

Ce fut le principe de non-intervention qui nous tira d’affaire et devint notre planche de salut, toutefois en l’interprétant à la rigueur, ou même plutôt en aidant un peu à la lettre.

Ce principe, comme chacun sait, est aux États ce qu’est aux individus le principe de la liberté personnelle. Je suis maître chez moi, nul n’a droit d’y pénétrer sans mon aveu ; j’y règle mes intérêts comme je l’entends ; nul n’a droit de m’en demander compte tant que je ne lui porte aucun dommage. Si mon voisin force ma porte et prétend se mêler de mes affaires, non seulement j’ai le droit de repousser son ingérence, mais j’ai le droit, pour la réprimer, d’appeler à mon secours tout autre de mes voisins, tous ayant intérêt indirect mais légitime au maintien de la liberté de chaque personne et de la sécurité de chaque domicile. De même entre les États, chacun chez soi, chacun pour soi ; tous, au besoin, pour ou contre chacun, selon l’occasion.

Ce fut ce principe que nous résolûmes d’invo-