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Que faire, et quel n’était pas notre embarras !

Nous n’y étions pour rien, cela était évident ; nous n’avions ni le dessein ni même l’envie de prêter appui soit à l’un soit à l’autre des deux adversaires, au fond cela n’était pas moins certain. Tant s’en fallait, néanmoins, que nous y fussions indifférents, puisqu’il y allait du maintien ou de la ruine d’un état de choses formé contre la France, de la destruction ou du maintien d’une tête de pont placée ostensiblement à cheval sur notre frontière, selon l’expression pittoresque ou, si l’on veut, soldatesque du général Lamarque. Mais, d’un autre côté, un tel établissement ayant été l’œuvre savamment préméditée du congrès de Vienne, nous courions grand risque, s’il venait à se trouver compromis, de voir les signataires de cet acte prendre fait et cause, et quelle figure allions-nous faire, en ce cas, nous, pauvres révolutionnaires de la veille, s’il s’opérait une contre-révolution armée, sous nos yeux, à nos portes, une contre-révolution à notre dam et à notre barbe ?

Le temps pressait ; nous étions officieusement avertis que le roi des Pays-Bas, même avant d’avoir tout à fait perdu la partie, s’était hâté de mettre, à