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rue de la Parisienne à grands carillons, en firent l’affaire d’un tour de main, mais non toutefois sans conflit et sans quelque effusion de sang.

Je m’en tiendrai là sur le fait lui-même, sur sa cause et son origine ; je ne m’arrêterai point à rappeler les divers incidents de cette lutte entre le roi des Pays-Bas et ses pauvres nouveaux sujets, à caractériser le mélange de supercherie et de violence qui les soumit, pendant quinze ans, aux conditions d’un pacte numériquement rejeté, moralement oppressif, à relever, pierre à pierre, les querelles incessantes en religion, en politique, en finances, en économie sociale qui ne pouvaient guère manquer de naître et de renaître, à chaque instant d’une union, ou plutôt d’un amalgame formé sous de si fâcheux auspices.

Je ne m’arrêterai pas davantage à raconter la révolution de Bruxelles, calquée, autant que possible, sur la nôtre : attroupements spontanés, impuissant emploi de la force armée, barricades coup sur coup, puis des négociations tout au plus sincères, puis des concessions tardives, puis enfin le soulèvement, gagnant comme une traînée de poudre, de proche en proche, de rue en rue, de ville en ville.