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L’autre événement, l’autre catastrophe, fut de bien autre nature, et de bien autre portée.

Le 25 août, à huit jours de la première, à quinze jours de notre propre avènement, éclata, dans Bruxelles, une révolution qui devait bientôt changer l’existence du royaume des Pays-Bas et mettre en péril l’état de l’Europe.

Ce royaume, œuvre de circonstance, de méfiance et de rancune, hydre à deux têtes préposée par le congrès de Vienne à la garde d’une ceinture de places fortes élevées à nos dépens et de nos dépouilles, — produit hybride d’un accouplement contre nature entre deux millions de Hollandais protestants et quatre millions de Belges catholiques, — plus divisés encore d’instincts et de mœurs que de croyance et de langage, — ce royaume avait été dès l’origine en travail de dissolution, et l’incompatibilité d’humeur touchait à son paroxysme, lorsque vint à sonner chez nous le tocsin de Juillet. Le moyen qu’une majorité numérique de plus du double, traitée en vraie servante, dominée et tracassée par une minorité maîtresse du roi, de la cour, des emplois, des impôts et de la force armée ne répondît point à cet appel ? Une soirée, un air d’opéra fort en vogue alors, et le chant en pleine