Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

P.-S. Je demande à être enterré à Vincennes près de mon malheureux fils. »

À coup sûr, un tel écrit ne dénote que trop à quelle agitation était en proie l’esprit du pauvre prince, affaibli par l’âge et la maladie, troublé par un scrupule qui tenait, presque du remords, et livré, dans son intérieur domestique, à des obsessions, tristes fruits des désordres de sa vieillesse.

Malgré la rigueur des lois religieuses contre le suicide, les funérailles du duc de Bourbon eurent lieu comme en toute autre circonstance. Le cœur fut déposé dans la chapelle de Chantilly. Le corps, embaumé et exposé pendant plusieurs jours, fut reçu à l’église de Saint-Leu et transporté à Saint-Denis, avec un cortège militaire où figuraient les voitures de la cour ; on y voyait les quatre premiers fils du roi. Le cercueil fut reçu à la porte de l’abbaye par le clergé épiscopal ; la basilique tendue de noir comme dans les solennités royales ; après l’office célébré avec le même cérémonial mais sans oraison funèbre, le corps fut descendu dans le caveau royal, à côté du dernier prince de Condé !