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cadavre de cet infortuné vieillard suspendu par deux cravates de soie liées en doubles anneaux au bouton de l’espagnolette d’une croisée de la chambre. »

À cette triste nouvelle, immédiatement envoyée au Palais-Royal et annoncée d’abord comme une apoplexie foudroyante, M. Pasquier, M. de Sémonville, assistés du garde des archives de la Chambre des pairs, se rendirent en hâte à Saint-Leu pour dresser l’acte de décès. Le corps, dans la position où il avait été trouvé, accroché plutôt que suspendu, les genoux ployés, les pieds presque pendants sur le tapis, leur fut présenté, et le procès-verbal signé par M. le comte de la Villegontier, premier gentilhomme de la chambre du prince, et par le comte de Choulot, capitaine général de ses chasses… La justice locale et le procureur général vinrent immédiatement pour reconnaître le corps et les lieux. Les premiers médecins et chirurgiens mandés pour procéder ou assister à l’autopsie (Marc, Pasquier, Marjolin) n’hésitèrent pas à déclarer que la mort du prince, causée par la strangulation, devait être le résultat d’un suicide. La face était violacée, la langue sortant entre les dents ; les parties supérieures n’offraient aucune autre