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ne devait compter, de leur part, sur aucun appui. Mais une fois l’événement accompli, il ne s’ensuivait nullement que la reconnaissance du gouvernement révolutionnaire (il faut bien se servir du mot propre) fût de plein droit et allât toute seule. Outre la répugnance, pour des rois de vieille roche, d’admettre dans leur confrérie un nouveau venu, disons mieux, un parvenu au moins suspect, il y avait la crainte de l’exemple et le danger de la propagande. Il fallait s’attendre tout au moins à ce que la reconnaissance n’eût lieu que de concert entre les trois alliés, et après entente préalable. Jusque-là nous restions sur le qui-vive.

Le général Belliard fut envoyé à Vienne ; le comte de Lobau (l’un des membres de la défunte commission municipale), à Berlin ; le général Athalin, aide de camp du roi, à Saint-Pétersbourg.

Leurs instructions étaient identiques.

Elles se réduisaient à ce peu de mots : Si l’Europe ne nous suscite pas de difficultés au dehors, nous emploierons tous nos efforts à maintenir en France le régime monarchique, et à réprimer toute propagande. Pourvu qu’on reconnaisse à la France le droit de disposer d’elle-même, elle respectera les