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tement proportionné à son importance. Il refusa pour la seconde fois ; mais, au bout de deux ou trois jours, il se ravisa, et je me hâtai de faire signer au roi sa nomination, de crainte que son orgueil ne prît définitivement le dessus. On a beaucoup parlé dans le temps de quelques arrangements entre lui et le roi par l’entremise de M. Laffitte, sorte de transaction dont Mirabeau avait donné l’exemple lorsqu’il se rapprocha de la cour en 1791 ; j’ignore si ce bruit a quelque fondement ; en tout cas, je n’y fus pour rien et je trouvai dans Benjamin Constant, comme on va le voir, un auxiliaire très peu secourable.

Tout étant ainsi réglé du premier coup et tant bien que mal, ce qui pressait le plus, c’était d’entrer en rapport avec les puissances étrangères, et de ne pas rester, au cœur de l’Europe, comme une aventure à la Masaniello. Le corps diplomatique accrédité près de Charles X était, ainsi que je l’ai indiqué plus haut, resté à Paris, et plutôt bienveillant, mais au pied levé, et sans pouvoirs réguliers. Pour en obtenir il fallait écrire, propriâ, c’est-à-dire, regiâ manu, écrire aux têtes couronnées et leur faire accepter le bon frère ; et, pour cela, il fallait assaisonner au besoin les lettres de commen-