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grande et méritée, comme orateur, médiocre ; son caractère était peu considéré. Il ne s’était jamais relevé de son aventure des Cent-Jours ; déchu surtout à ses propres yeux, il avait vécu, durant la seconde restauration, dans une société d’opposition qui n’était pas de premier ordre ; l’Académie française lui avait obstinément fermé sa porte. Perdu de dettes, épuisé de veilles et de jeu, il n’était guère possible d’en faire un ministre ; le duc d’Orléans ne l’avait point appelé à son conseil intime, et, néanmoins, toute position de seconde ligne lui paraissait non sans quelque raison au-dessous de lui. Je fus chargé de lui proposer un siège au conseil d’État qu’il refusa avec hauteur. Je ne me tins pas pour battu. Il entrait dans ma pensée de placer à la tête du conseil d’État le plus important et le plus laborieux de ses comités, le comité du contentieux, en agrandissant beaucoup ses attributions, en le chargeant, sous le nom de comité de législation, de la préparation des lois à intervenir en matière civile et criminelle et de la rédaction définitive de toutes les lois dont le principe aurait été arrêté soit en conseil des ministres, soit simplement en conseil d’État. Je proposai à Benjamin Constant la présidence de ce comité, avec un trai-