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les plus haut placés, mais, cette fois, contre la coutume, sans trop exciter le récri.

Le vice-amiral Duperré, l’un des vainqueurs d’Alger (vainqueur un peu toutefois à son corps défendant), fut nommé amiral. Le maréchal Soult, l’un des vaincus de Waterloo, exclu à ce titre de la Chambre des pairs, y fut appelé ; le général Gérard, ministre de la guerre, devint maréchal ; M. Dupin, ministre sans portefeuille, procureur général à la cour de cassation, au lieu et place de M. Mourre démissionnaire, deux nominations où le cabinet se faisait un peu la part du lion. M. de la Fayette reçut le commandement en chef de la garde nationale, énorme mais irrésistible faute que nous faillîmes bientôt payer cher : c’était en faire le comte d’Artois du nouveau régime ; puis, sur une moindre échelle, M. Odilon Barrot fut nommé préfet de Paris ; M. de Schonen, procureur général de la cour des comptes (ils revenaient l’un et l’autre de conduire Charles X à Cherbourg) ; puis enfin, sur mon insistance personnelle, M. Villemain devint vice-président du conseil royal de l’instruction publique.

Le plus difficile à colloquer, ce fut Benjamin Constant. Sa réputation comme publiciste était