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sentiments de son peuple était le fondement et la condition de la Charte octroyée par son frère, sous le coup des événements et l’empire des circonstances, la Chambre des députés parlait haut, sans doute, mais disait vrai. Les termes dans lesquels cette déclaration était conçue avaient été médités et minutés par le plus ancien et le plus avéré des légitimistes, par l’homme qui, sous le régime impérial, avait risqué sa vie durant plusieurs années au service de la légitimité. C’était, de part et d’autre, à prendre ou à laisser.

En adressant au pays un dernier appel, le roi usait de son droit et restait dans son droit. De même le pays en lui répondant par les élections de 1830 ; et je dois dire que, dans tout ce que j’en sais, ces élections ont été non seulement régulières mais loyales, sans arrière-pensée, sans intention pessimiste, autant du moins que cela était possible dans une conjoncture où il ne restait que peu d’espérances et où tout le monde s’attendait à tout.

Cela fait, plus de délai, plus de remise, plus d’expédient dilatoire, il ne restait plus au roi qu’à choisir entre avancer ou reculer ; à nous qu’à le voir venir.