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Le ministère du 8 août fut le premier pas, un pas à ciel ouvert ; les noms des ministres, de plusieurs d’entre eux au moins, parlaient, en effet, plus haut encore. Ce n’était pas qu’en se prêtant ainsi à la lubie de leur maître, ils en fussent infatués comme lui ; la plupart, tous peut-être, comptaient ou se retirer à temps, ou en être quittes à meilleur marché ; trois même, dont l’un des plus compromis, restèrent en chemin, mais les autres devinrent, bon gré mal gré, compères de la sottise et complices du méfait, faute d’avoir eu assez de cœur et assez de tête pour dire non.

Chose digne de remarque, personne ne s’y méprit. La France entière lut le coup d’État sur le front du ministère, en dépit de ses dénégations, de ses protestations, voire même de ses intentions réelles, et, chose plus digne de remarque encore, la France entière, et comme un seul homme, se mit en défense ; la France entière comprit instinctivement que le vrai système de défense, c’était la légalité — la légalité pure, mais rigoureuse et inexorable.

En déclarant nettement au roi qu’un certain accord, un accord loyal et suffisant entre l’esprit et la direction de son gouvernement et les vœux et les