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M. de Villèle était tombé, sinon sous les coups, du moins sous l’abandon d’une Chambre qu’il avait, en son bon temps, pétrie de ses propres mains et toute peuplée de ses amis. Les élections de 1827 avaient été animées, sans doute, mais paisibles et régulières. Il en était sorti une Chambre de très bon aloi, composée presque entièrement de bons royalistes, et de cette Chambre un ministère à l’avenant, ministère très bon lui-même, et qui sans doute aurait fourni une assez longue carrière, si nous avions eu un peu patience et le roi un grain de bon sens. Mais, en manquant de patience, nous n’avions aucune mauvaise intention et ne faisions tort qu’à nous-mêmes, tandis que le roi, en saisissant au vol l’occasion qu’il guettait depuis longtemps de mettre la main sur la Charte, et de refaire un ancien régime à sa guise, se donnait, les yeux ouverts, un tort très grand et très prémédité.

Personne n’ignore, en effet, que ce qu’il a fait en 1830, Charles X avait toujours voulu et espéré le faire, plus tôt ou plus tard, soit comme héritier présomptif, soit comme roi ; ses familiers s’en expliquaient librement entre eux, et les enfants terribles du parti ne se faisaient pas faute d’en parler tout haut.