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meilleur. Charles Ier écrivait, dit-on, à la reine Marie Henriette qu’il ne lui avait jamais été infidèle même en pensée ; autant en aurais-je pu dire aux Bourbons de la branche aînée, mais sous condition, bien entendu, qu’entre nous la fidélité serait réciproque. Jusqu’à quel point mes sentiments étaient-ils ceux de la France, et j’entends par là le gros du pays, la large et saine majorité de toutes les classes qui font nombre ?

C’est une question qui pourrait recevoir sans doute des réponses très diverses selon le temps, les lieux ou les personnes ; mais ce qui est sûr, c’est qu’en 1830, durant tout le cours d’une crise très longue et très vive, la France s’est comportée en nation honnête et sensée, qu’elle n’a rien fait que d’irréprochable, qu’elle a tout fait, au contraire, pour laisser peser éventuellement tous les torts sur le roi Charles X et sur ses conseillers occultes ou patents, officiels ou officieux, pour ne pas leur offrir la moindre excuse, pas même l’ombre d’un prétexte.

On a dit du coup d’État que c’était un effet sans cause. On pouvait, on devait remonter plus haut. Le véritable effet sans cause, a été le ministère du 8 août.