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nouveaux. Je dois à M. Laffitte et à M. Dupont (de l’Eure) de déclarer que nul ne s’était prononcé en ce sens ni plus tôt ni plus haut. De même la Chambre des pairs à la presque unanimité, de même enfin la Chambre des députés en très grande majorité ; cette Chambre, en proposant au roi l’abolition de la peine de mort, avait même manifesté ses sentiments par une démarche excessive et irrégulière.

Sur le terrain des pouvoirs publics, tout était donc en bonne voie ; mais, au dehors, l’opinion s’échauffait ; la clameur générale portait à la tête ; le sang gratuitement versé criait vengeance : point de justification, point d’intérêt ou de bon souvenir qui s’attachât au nom des coupables menacés ; si jamais le Væ victis ! pouvait paraître excusable, c’était dans un tel moment, après de tels événements, à l’égard de tels hommes. Ils n’avaient pour eux que l’incertitude de la loi et la compassion des bons cœurs ; pauvre argument contre le tumulte des passions populaires.

C’était avant tout, plus que tout, dans les rangs de la garde nationale que ces idées et ces sentiments fermentaient ; c’était là qu’à l’approche du moment décisif, souvent la passion faisait rage. C’était la garde nationale que les brouillons et les