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délabrée qu’elle fût, et précisément parce que telle elle était, la Chambre des pairs avait les siennes. Le moment approchait où le sort de la monarchie, peut-être celui de la société elle-même, allait dépendre de sa fermeté et de sa prudence. Le procès des ministres allait commencer.

Constituée en cour de justice dès le 4 octobre, l’instruction préliminaire qu’elle avait commise à M. Pasquier, son président, assisté de MM. de Bastard, Séguier et Pontécoulant, touchait à son terme. En attendant, les démissionnaires qui l’avaient quittée, et les résignés qu’elle avait gardés dans son sein faisaient de leur mieux pour l’entraver et l’humilier.

Parmi les premiers, M. de Kergorlay, dans la lettre même où il signifiait son refus de serment levait, à haute voix, l’étendard de la rébellion, insultait, dans la personne du roi, le fils du régicide, et qualifiait le jugement des ministres d’assassinat judiciaire. Traduit devant la Chambre et sa défense ayant été plus insolente encore que la lettre, il fut condammé à 10000 francs d’amende et à deux ans de prison.

Les rédacteurs des deux journaux qui s’étaient appropriés la lettre en l’insérant in extenso furent