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restes de leurs grands hommes, apparemment sur le maître-autel.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L’idée passant de bouche en bouche fut accueillie et proclamée à grands cris de joie. Mais, la police funéraire ne pouvant ni s’associer à cette voie de fait, ni fermer les yeux sur cette profanation, un conflit s’ensuivit, où le nouveau ministre de l’intérieur, M. de Montalivet, fut presque obligé de payer de sa personne. Enfin, intervint majestueusement M. le préfet de la Seine proposant de recevoir en dépôt, à l’hôtel de ville, les bustes de Benjamin Constant, de Manuel et de Foy, en s’engageant à les conserver religieusement jusqu’au jour de la future apothéose. Le compromis étant accepté de mauvaise grâce, le convoi se remit en marche, clopin-clopant, jusqu’au cimetière de l’Est. Aucun discours n’y fut prononcé, les orateurs de profession, apparemment dans le secret, s’étant préparés pour un autre dénouement.

Ce qu’il advint plus tard de ce dépôt et de la proposition elle-même, je le dirai en son lieu.

La Chambre des députés n’était pas le seul théâtre où se pressaient les difficultés du moment. Toute