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article fut inséré qui n’allait à rien de moins que remettre en question toutes les pensions accordées sous le règne de Charles X. Nous fîmes cette fois bonne contenance, nous rayâmes sans hésiter l’article malencontreux ; piquée au jeu, la Chambre des députés le reproduisit, en étendant sa portée à toutes les pensions accordées à titre de récompense depuis 1807.

Nous rejetâmes alors la proposition tout entière.

Ce fut sous le feu même de ces débats, qui semblaient menacer d’une collision entre les deux Chambres, qu’on apprit la mort de Benjamin Constant. L’événement n’avait rien d’imprévu. Depuis longtemps, sa santé délabrée ne se soutenait plus que sous l’action redoublée des excitants. Son dernier échec à la Chambre des députés lui avait été très sensible, moins cependant que la préférence accordée sur lui par l’Académie française à M. Viennet et le motif même de cette préférence dont M. Royer-Collard ne faisait pas un secret. Le sachant retenu au lit, j’allai le voir, ce qui ne m’était point arrivé depuis notre rupture, qui n’avait été que trop justifiée par ses procédés à mon égard. Je le trouvai très libre d’esprit, il ne me parla point de