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liard précédemment voté à leur profit dans les beaux jours du ministère Villèle. On leur avait promis que cet excédant, s’il s’en rencontrait en fin de compte, serait réparti entre les moins indemnisés ; mais, l’engagement n’étant qu’éventuel, notre nouveau ministère proposa de n’en point tenir compte, et de considérer le reliquat comme ayant fait retour à l’État.

Si cela était licite en toute rigueur, cela n’était ni généreux ni même équitable ; mais la somme en valait la peine ; elle excédait 100 millions ; notre bourse était à sec, notre position critique. Personne n’ayant ici de droit personnel ni liquidé, les réclamations furent timides et peu nombreuses, et l’on passa outre. La Chambre des pairs ne fit point résistance, et j’y fus pour quelque chose, pensant que nous avions trop d’affaires et de trop grosses affaires sur les bras pour dépenser ainsi ce qui nous restait de très petite puissance.

Il en fut autrement ; Dieu merci, d’une autre entreprise également entachée, mais à un bien plus haut degré, du principe de rétroactivité. Sur la proposition d’abroger une loi du 11 septembre 1807, relative aux récompenses nationales, un