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oreille, M. Guizot prit les devants, et dans une discussion incidente, en attendant mieux, pour amuser le tapis, raconta en grand détail les divisions qui s’étaient élevées au sein de l’ancien conseil, l’impossibilité de s’entendre, manifestée par ces divisions, les raisons qui avaient déterminé notre retraite, et posa, en termes formels, l’antagonisme des deux politiques.

Son discours ayant eu plein succès, c’était à M. Laffitte de répondre. M. Laffitte fit, derechef, la sourde oreille, et laissa la parole à M. Odilon Barrot, l’un des produits de l’élection nouvelle, et dont la conduite, en qualité de préfet de Paris, avait, ainsi que je l’ai dit plus haut, donné le signal de la rupture dans nos rangs. Il fut fort applaudi de la gauche, cela va sans dire, et traité par le reste de l’Assemblée avec bienveillance, comme un débutant jeune et qui s’exprimait en bons termes.

Mais, après tout, ce n’était pas là ce qu’exigeait la situation. M. Laffitte, mis au pied du mur par l’impatience visible de l’Assemblée, prit enfin, mais timidement, le parti de s’exécuter. Il tira de sa poche un petit discours préparé comme un en-cas, dans lequel discours il s’efforçait d’établir, en