Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une Chambre des députés renouvelée presque par moitié, et fourmillant, en quelque sorte, de toutes les illustrations du moment.

Quel accueil y recevrait ce nouveau ministère ? De quel œil une nouvelle majorité verrait-elle le changement de front opéré dans les hauts lieux ? en d’autres termes, le passage de la résistance au mouvement dans la direction du pouvoir ?

Le premier aspect fut douteux, pour ne rien dire de plus.

Il s’agissait, avant tout, de choisir un président. La proposition en fut faite sur-le-champ. M. Laffitte avait sous la main son candidat, et tenait à le faire passer d’emblée pour esquiver M. Perier, dont la position grandissait d’heure en heure. Mais la Chambre, au lieu de se prêter à ce désir, craignant sans doute de se compromettre en faisant prématurément acte d’adhésion, préféra, sous divers prétextes, ajourner l’élection à huitaine ; la vraie raison, c’était l’attente des explications que tout ministère nouveau se trouve naturellement appelé à donner sur les causes de son avènement, sur ses principes et sur la conduite qu’il se propose de tenir.

Notre ministère faisant, à ce sujet, la sourde